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Arthrose

Arthrose : traitements innovants actuels et futurs

Parce que l’arthrose est l’une des maladies les plus invalidantes et qu’elle touche plus de 10 millions d’individus en France, la recherche concentre ses efforts depuis plusieurs années sur cette pathologie invisible mais ô combien douloureuse.Que l’objectif poursuivi soit de combattre la douleur ou, de façon plus ambitieuse, de réparer et régénérer le cartilage, les nombreuses pistes de développement thérapeutiques ouvrent un espoir réel aux patients souffrant d’arthrose.

A l’aube d’un nouveau millésime, nous avons souhaité établir un point sur les nouveaux axes de traitement, présents ou futurs, en listant les différentes techniques mises en place par les scientifiques pour lutter contre l’arthrose. Suivez le guide !

La biothérapie ayant pour objectif de bloquer une molécule dans une maladie, lorsqu’on identifie avec précision la molécule incriminée, on fabrique un anticorps dont le rôle sera de bloquer cette molécule.
Concernant l’arthrose, la recherche développe une biothérapie symptomatique visant à lutter contre la douleur. Il s’agit de développer des anticorps agissant contre un facteur de croissance neuronale, le NGF (Nerve Groth Factor) responsable de la sensation de douleur au niveau des neurones, ce sont les anti-NGF.Ces anticorps monoclonaux dirigés contre les NGF visent à bloquer la transmission douloureuse et pourraient ainsi offrir aux patients une solution innovante se substituant aux anti-inflammatoires classiques entraînant des effets secondaires.

Les études en cours étant bien avancées, la mise à disposition sur le marché pourrait intervenir rapidement.

2- Les cellules souches

Alors que la majorité des traitements arthrosiques promettent de lutter contre la douleur sans parvenir à traiter la cause de la maladie, la thérapie cellulaire vise quant à elle la reconstruction du cartilage. Deux techniques cohabitent :

La première technique consiste à injecter directement dans le genou des cellules souches mésenchymateuses naturellement présentes dans le sang du cordon ombilical ainsi que dans la gelée de Wharton qui entoure le cordon. Ces cellules ont la capacité de produire différents types de cellules et notamment les cellules cartilagineuses. Le professeur Jorgensen, chef du service d’immunologie du CHU de Montpellier et coordinateur du programme européen ADIPOA 2, explique que ces cellules ont la double capacité de régénérer le cartilage et d’induire un processus anti-inflammatoire. Le cartilage altéré pourrait donc se régénérer et protéger à nouveau les articulations.

La seconde technique consiste à insérer un implant bicouche sur l’articulation lésée. La première couche est constituée d’une membrane de nanofibres contenant des facteurs de croissance, alors que la seconde, qui constitue l’essence même du traitement, est un hydrogel d’alginates et d’acide hyaluronique contenant des cellules souches issues de la moelle osseuse du patient. Cette technologie présente le double intérêt de régénérer le cartilage de l’articulation en cause mais également de régénérer l’os sous-chondral. Testé avec succès sur les animaux, ce protocole thérapeutique doit désormais être testé sur l’homme.

3- Le facteur de croissance FGF-18

Cette molécule exploite la voie consistant en un apport de facteurs de croissance, dans le but de parvenir à stimuler la production de cartilage, ou à minima à en stopper sa destruction.Le FGF-18 est un facteur de croissance impliqué dans la croissance, la prolifération et la différenciation des chondrocytes.Ces résultats prometteurs ont fait du facteur de croissance FGF-18 une cible thérapeutique prometteuse, en cours d’étude chez l’homme actuellement. Quelques études ont relaté l’efficacité et la tolérance d’injections de sprifermine, une forme synthétique de FGF-18, dans les articulations lésées du genou.L’une d’elles, en 2016, portait sur des sujets souffrant d’une gonarthrose avancée chez qui une arthroplastie constituait l’indication à court terme.Ainsi les patients ont-ils reçu une ou plusieurs injections intra-articulaire de sprifermine à différentes doses ou de placebo.Les résultats mettent en avant une prolifération des chondrocytes induite par les injections de sprifermine ainsi qu’une amélioration des propriétés biomécaniques du cartilage.En outre, il n’a pas été relevé de problème de tolérance grave lors de cet essai.

Les premiers résultats sont réellement très encourageants puisqu’il s’agit de la seule molécule à ce jour démontrant un effet structural aussi important, que ce soit à la radiographie ou à l’IRM.

4- Les injections d’ATP ou adénosine triphosphate

L’adénosine triphosphate est la molécule énergétique la plus essentielle de notre corps.Chaque jour, l’organisme d’un individu adulte nécessite de 60 à 70 kg d’ATP en moyenne pour fonctionner et l’on relève des pointes à plus de 100 kg.Globalement, cette consommation énergétique atteint le nombre impressionnant de 10 millions de molécules d’ATP par seconde et par cellule.Les organes les plus gros consommateurs d’ATP sont le coeur et le cerveau.Outre son rôle capital dans notre métabolisme en tant que fournisseur d’énergie, l’ATP est en quelque sorte le pilier fondateur du matériel génétique et est donc, à ce titre, essentielle à la croissance des tissus humains.Une nouvelle étude, menée par la NYU Grossman School of Medecine et dont les résultats ont été publiés le 10 août dernier dans la revue « Rapports scientifiques », fait état de résultats très encourageants.Au cours de cette expérience, les chercheurs ont injecté de l’ATP dans les articulations de rongeurs ayant des membres lésés par une inflammation résultant d’une blessure traumatique (les scientifiques précisant que les dommages biologiques subis dans ce cas précis sont tout à fait comparables à ceux provoqués par l’arthrose chez les humains).Alors que les rongeurs ont reçu 8 injections hebdomadaires d’ATP, les résultats publiés de l’étude mettent en exergue un taux de repousse du tissu cartilagineux compris entre 35 et 50%.Carmen Corciulo, médecin, chercheuse et auteure principale de cette étude, tire la conclusion suivante à l’issue des résultats obtenus : « Notre dernière étude montre que la reconstitution des réserves d’adénosine par injection fonctionne bien comme traitement de l’arthrose chez les animaux et sans effets secondaires apparents. »Des tests complémentaires effectués sur des chondrocytes provenant de personnes souffrant d’arthrose ont pu mettre en évidence des profils différents de signalisation de facteur de croissance (TGF-bêta). Cette connotation fournit donc la preuve que le processus a changé en présence d’adénosine, passant de l’aide à la dégradation du cartilage à la stimulation de sa réparation.

Même si l’application de ces recherches aux pathologies humaines n’est pas encore à l’ordre du jour et nécessitera de nouveaux stades expérimentaux, n’en demeure pas moins que cette expérience fait naître un espoir pour les patients souffrant d’arthrose : se voir proposer une méthode sérieuse de reconstruction cartilagineuse.

5- Le composé actif d’un champignon, le Cordyceps

Ce composé actif extrait du Cordyceps, un champignon poussant sur les hauts plateaux tibétain, est une substance nommée cordycépine.Si de précédentes études avaient été menées pour mettre en exergue les vertus anticancéreuses de la cordycépine capable de ralentir la croissance et la division cellulaire, le Dr Cornelia de Moor, chercheuse en pharmacologie à l’université de Nottingham, a tenté d’isoler une molécule impliquée dans l’inflammation et la destruction des tissus cartilagineux.Durant ces travaux, les chercheurs ont étudié les effets de la cordycépine sur des rats souffrant d’arthrose, mais également sur des tissus articulaires humains.Selon le Dr Moor, la substance étudiée a permis, non seulement de réduire la douleur, mais également de stopper la progression des lésions chez les animaux.Plus intéressant encore, les résultats obtenus l’ont été grâce à un mécanisme différent de tout autre anti-inflammatoire existant sur le marché.La cordycépine est en capacité de prévenir l’inflammation liée à l’arthrose en agissant sur la dernière étape de fabrication d’un ARN messager (acide ribonucléique), la polyadénylation.

Selon le Dr Moor, qui a dirigé cette étude, les espoirs placés dans la cordycépine pourraient déboucher à terme sur une nouvelle classe d’analgésiques : les inhibiteurs de la polyadénylation.

Si les scientifiques ayant effectué ces recherches sont parfaitement conscients du long chemin restant à parcourir avant qu’un médicament dérivé de la cordycépine ne soit mis à la disposition des patients humains, ils semblent toutefois très enthousiastes face aux perspectives prometteuses entraperçues.

6- Les traitements chondroprotecteurs

Selon le professeur Chevalier, exerçant à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, il est nécessaire d’établir une distinction entre, d’une part les situations de pré-arthrose, c’est à dire définie par la présence de lésions cartilagineuses dans un environnement de cartilage sain touchant essentiellement des patients jeunes, et d’autre part, les cas d’arthrose avérée et confirmée par l’outil radiologique, touchant des patients plus âgés. Les résultats probants seront obtenus dans le cas de patients en situation de pré-arthrose, très en amont de l’installation de la maladie. Il sera alors envisageable d’effectuer des réparations tissulaires et tenter de reconstituer le cartilage. Pour les patients plus âgés souffrant d’une pathologie arthrosique bien installée, il est illusoire de tenter de réparer le cartilage, tout au plus pourra t-on essayer de stopper sa dégradation.

7- Hydrogels et champs magnétique, un espoir pour la reconstruction

Les lésions du cartilage dans les pathologies de l’arthrose sont constitués de « trous » que l’on comble habituellement à l’aide de matériaux synthétiques ou biologiques pouvant donner des résultats satisfaisants mais le plus souvent non durables. La raison de cette non durabilité étant que ces pansements ne sont pas constitués de matières identiques au cartilage original et finiront donc par se décoller.
L’équipe de recherche américaine a alors constaté qu’en ajoutant un liquide magnétique à une solution d’hydrogel tridimensionnelle, des cellules ainsi que d’autres objets non magnétiques, tels que des microcapsules d’administration de médicaments, pourraient être organisés en modèles spécifiques qui imitent les tissus naturels grâce à l’utilisation d’un champ magnétique externe.

Selon les chercheurs, ces tissus modifiés dits « magnéto-modelés » ressemblent davantage au tissu natif en termes de disposition cellulaires et de propriétés mécaniques en comparaison des matériaux synthétiques ou même biologiques utilisés jusqu’ici.
La production d’implants de meilleure qualité est donc en bonne voie à des fins de reconstruction du cartilage. Bien que cette étude ait été réalisée « in vitro », il s’agit potentiellement d’une première étape vers des solutions plus durables et efficaces chez des sujets humains.

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